d'accord, mais...

D’accord t’as un joli p’tit cul. Des épaules rondes sous le pull au négligé affecté, et le hallier pubien tondu de frais.

D’accord t’as des abdos sortis tout droit d’un fantasme de pucelle.

D’accord tes mots coulent doux, comme de la pâte à tartiner dépassant d’une crêpe.

D’accord je suis sensée tomber dans la nasse, subjuguée par l’appel des tritons (pour d’aucuns, ce sont des sirènes, mais je regimbe à changer mon orientation sexuelle pour la beauté du texte.

D’accord tu sais bouger, parler pour dire je suis celui qu’il faut. L’indispensable amant.

D’accord tu étales ton moteur, peaufine, nonchalant, le poli des chromes, miroir pour l’alouette à plumer

D’accord tu lis Machaut dans le texte et débats des aphorismes de Wittgenstein.

Mais j’ai vu un peu de salive friser sur ta lèvre, et ton regard qui devient torve sous le cil baissé.

Mais quand tu crois que mes yeux sont ailleurs, je perçois en coin ton visage différent, mon poil hérissé comme à une menace diffuse.

Mais ton odeur sous le musc m’alerte, resserre ma peau, loin de ta main tendue qui cherche déjà à me contraindre.

Mais ta tanière dément la poésie dont tu te pares, sans grâce, dans le paraître et la convention.

Mais il n’y a dans ton sillage aucun vent de folie, nul rêve fantasque. Pas de paupière qui plisse sous le rire contenu.

Mais ta pupille de maquignon guigne et suppute.

Alors me touche pas, j’ai déjà la main serrée en poing. Et puis tiens, même pas tu me regardes….