le prof a dit

Le prof a dit : sujet libre.

Çà m’est tombé dessus comme une lame de guillotine. Devant moi se complait une page blanche. Elle me nargue en étalant son vide, ses lignes d’eau trop claire, d’eau de piscine où rien ne vit.

Le prof a dit d’écrire ce que je voulais. Mais depuis quand je veux ? Depuis quand en suis-je capable ? Depuis ma naissance, programmée par une blouse blanche soucieuse de préserver ses dimanches, m’a-t-on seulement appris à vouloir, à choisir ?

Et maintenant, un de ceux en qui j’avais posé ma confiance me trahit, d’un coup.

Quelque chose hurle en moi. Fort. Longtemps. Refermez la cage où je garde un confort étriqué et frileux. Pensez pour moi, accompagnez mes gestes. Dites-moi où m’asseoir, qui prier, où tourner mes regards. Je ne sais pas voler. Mes ailes rognées ne porteront pas ce corps si lourd de ses certitudes. Je vais tomber, ou mal faire.

Il y a l’inconnu, les peut-être. J’ai besoin de la foule autour, celle qui répète en mantra ce qui deviendra la vérité de demain. Car c’est vrai que ce que tout le monde dit, çà ne peut être des mensonges, n’est-ce pas ?

J’ai froid. Fermez la porte sur moi, sur mes rêves qui doivent le rester, ne pas se muer en devenirs, en possibles. Fermez la porte, ce courant d’air trop neuf va m’emporter, me faire trébucher sur les axiomes qui barrent cette route.

La cloche a sonné.

 Déo gracia la cage est close à nouveau. Je respire à peine…. On ne sait jamais.