la demoiselle au restaurant

Dommage Mademoiselle… Si j’avais été un homme, j’aurai caressé de deux doigts émus la rondeur de votre épaule et celle de votre joue qu’aucune ride n’est encore venue profaner. Parce que vous êtes si jolie. De vos paupières sans ombre à vos orteils en coquillages, liés de sandales à lanières, vous n’êtes que roux de pain d’épices, que douceur de galet poli par l’eau.

Dommage Mademoiselle, je ne suis pas à votre table. Celui à vos côtés, homme adolescent, vous boit, vous dévore, jamais à satiété, jamais repu. Il écoute à peine votre babillage futile, tout à la dévotion de votre demi-sourire qui pose sur votre lèvre de petites dents blanches un peu en avant.

Dommage Mademoiselle, je ne suis pas cet homme et ne peut qu’imaginer votre odeur chaude et canaille. Vos gestes sont fluides et vos doigts entourent le verre et le bercent. Tendrement.

Dommage Mademoiselle, mais je pars, courant. Parce qu’avec ce petit mouvement de menton, vous faites vraiment, mais vraiment du bruit en mangeant.